pointes
Des chaussures qui forcent
à choisir l’un ou l’autre.
En grandissant, je naviguais librement et naïvement entre les genres.
L’été, je courais dans le jardin en jupe, torse nu. Personne ne disait aux garçons de se couvrir, alors pourquoi aurais-je dû le faire? Je faisais du ballet parce que j’aimais exécuter une pirouette ou un grand jeté à la perfection. Mais j’échangeais aussi des cartes de hockey avec les gars de l’école, grâce à cet amour inconditionnel, que j’avais hérité de mon père, pour nos pauvres Toronto Maple Leafs. Je cachais ma collection de cartes dans une boîte de poupée Bout d’chou, et j’étais aussi à l’aise en tutu qu’au moment de pester contre les Canadiens de Montréal.
Ce n’est qu’en flashant sur une paire de chaussures pour garçons que j’ai réellement pris conscience de la binarité des genres – et de ses limites.